samedi 31 mai 2008

RETOUR A BANGKOK

Mardi 27 Mai

Sans avoir apparement rien note, l agence de voyage comme promis a envoye un bus nous chercher devant la porte de l hotel.


Il est meme 10 minutes en avance. Chrystele qui fini de dejeuner est sommee de se depecher par le chauffeur. Son impatience nous etonne. Cest la premiere fois que nous rencontrons un signe d enervement chez un asiatique. Nous grimpons dans l antique bus, lequel doit nous conduire, c est ce que nous croyons, a la gare routiere afin d y prendre un bus moderne avec air climatise comme cela etait initialement prevu.
Nous sommes les premiers passagers et deja le steward nous demande de ranger nos sacs a dos sous les sieges. Nous ne comprenons pas pourquoi?
Nous allons faire le tour des Guest houses de la ville pour recuperer 35 routards de toutes nationalites. Le car se remplit lentement mais surement. Les sacs a dos s entassent au debut sous les sieges puis au fond du car et dans l allee centrale pour finir. Les derniers passagers sont installes sur des fauteuils en plastique empruntes au cafe voisin de notre dernier arret.


Il commence a faire chaud. Ca sent le fauve, tout le monde ouvre les fenetres.
Nous voila parti. Point d arret pour changer de bus. Nous prenons conscience qu il va nous falloir faire les 500 Km dans ces conditions.
En fait en discutant avec nos voisins nous realisons que nous avons tous cherche le bus le moins chers. Nous l avons trouve, nous sommes bien fait avoir et en plus personne n a paye le meme prix. L ambiance est bon enfant et l aventure est belle.
Apres 5 Km de route goudronnee nous quittons Siem Reap et roulons la route principale du pays. Cette route a une histoire:
Elle est volontairement laissee en mauvais etat car c est par elle que les touristes arrivent de Thailande pour visiter Angkor. Or le proprietaire de l aeroport de Siem Reap et principal actionnaire de la seule compagnie aerienne desservant cette ville n est autre que le premier ministre a vie du Cambodge, marionnette des Chinois et Vietnamiens qui le soutiennent. Ainsi ces deux pays voisins peuvent le manipuler a volonte.
Des elections doivent avoir lieu prochainement. L homme a deja clairement annonce la couleur en disant que leur resulat ne changerait rien car il a l armee derriere lui....
Bref, cette route commencee il y a bientot 10 ans est en perpetuel etat de travaux. Tout est commence et surtout rien n est fini. Ainsi un nombre incalculable de deviations, contournant des dizaines d ouvrages d art ainsi que les baignoires creusees par le passage des camions sur cette route de terre,ralentissent la circulation voir la decourage. Le premier Ministre peut facilement prouver que les travaux avancent, continuer a toucher l aide internationale,

et ainsi contraindre les touristes qui sont pour la plus part des gens du 3 age a prendre l avion. Bingo...
Les commentaires vont bon train dans l autobus. Chacun sympathise avec ses voisins et raconte ses propres experiences. Ces voyages en bus sont une source d informations inepuisable.

Ainsi nous sympathisons avec un couple de jeunes savoyards. Lui a fait des etudes de marketing et a du vouloir impressionner sa copine par son sens aigu du Business. Il s est improvise acheteur de pierres precieuses. Un homme l a accoste dans la rue, un francais. L air de rien cette personne lui raconte sa vie. Il achete des pierres precieuses en Thailande et les revend en France. Le commerce est juteux. En plus si cela l interesse aujourd hui est un jour particulier lui dit il: C est le jour de Bouddha. Ce jour la les pierres precieuses sont exemptees de TVA.
Notre jeune diplome d ecole de commerce voit la l occasion de mettre a profit ses nombreuses annees d etudes. Se fait envoyer expressement 3000 euros de metropole, par Western Union, pour acheter des rubis et autres lapis lazuli.
En rentrant a son hotel, parlant avec des pros, ils lui expliquent la supercherie. Les pierres sont bien de bonne qualite mais il les a paye au prix fort. Heureusement il a reussi a les revendre le lendemain.
Il n a perdu que 300 euros dans l affaire. Sa copine est ravie car avant elle venait seule en Asie et n avait jamais de probleme. Depuis qu ils sont arrives ensembles, ca n arrete pas.
Les voyages non organises sont un excellent revelateur pour la solidite d un couple et son esperance de vie.
Aux dernieres nouvelles ils saiment toujours...
Nous avons aussi rencontre un jeune suisse tres interessant. Lui, voyage seul. Il est croupier et adore les jeux de cartes ainsi que la peche.
Chaque annee, il prend 2 mois de vacances choisi une region desheritee du monde et va de village en village situes en bord de mer ou de lac. Pour entrer en contact avec les autochtones, il dispose de 2 excellents moyens.
Tout d abord en arrivant dans un village il recherche les locaux qui jouent aux cartes. En general cela se passe dans des lieux publics. Il s arrete, observe les gens jouer, essaye de comprendre les regles du jeu. Pour lui, c est simple et rapide car tous les jeux reposent a peu pres sur les memes principes. Ensuite comme dans tous les pays, les gens jouent plus ou moins de l argent et qu il adore ca, des qu il a compris le fonctionnement du jeu il demande la permission de s integrer a la partie. Ce que les joueurs acceptent tout de suite. Cela met un peu d exotisme dans leur vie et en plus ils s imaginent plumer facilement cet etranger qui ne connait rien a leur jeu. Ils decouvrent rapidement que le neophyte est en realite un professionnel, redoutable predateur des jeux de cartes et d argent.
Sa seconde technique: il emporte avec lui une video le montrant entrain de poser et de relever des filets sur le Lac Leman. Il va a la rencontre des pecheurs locaux en leur montrant la video. Leur demande ensuite souvent par gestes s il peut partir pecher avec eux pour apprendre leurs techniques de peche. Cela plait a tous les pecheurs du bout du monde.
Ainsi notre petit Suisse fait des voyages comme personne d autre que lui n en fait. Les gens s attachent a lui. Il peut ainsi rester plusieurs jours au meme endroit en partageant le quotidien de ses hotes qui l invitent a partager leur vie. Partir deux jours en mer sur de freles embarcations, vivre en des lieux ou aucun touriste n ira jamais. C est merveilleux. En plus, pour passer le temps dans le bus il nous a appris un jeu Cambodgien.

Un grand moment.
C est agreable d avoir conscience que l on vit des moments et que l on rencontre des personnages inoubliables.
Il voulait d entree jouer de l argent. On a reussi a jouer pour rien. Ouf...
Le voyage se poursuit, notre corps et nos vetements humides de transpiration se couvrent de poussiere. Nous sommes ocres de la tete aux pieds.
Passage de la frontiere. C est plus simple de partir du Cambodge que d y entrer.
Nous avons vraiment l impression de revenir au XX siecle. Nous changeons de bus, nous nous faisons encore avoir sur le prix. On s apercoit que nos voisins thai payent moins cher que nous. Le vendeur fait mine de ne pas comprendre nos demandes d explications. Ne comprend il reellement pas? Nous ne le saurons jamais.
On nous place au fond du bus, au dessus du moteur sous le moteur de la clim qui fuit.
Comme nous avons pris le premier bus en partance, nous demandons au chauffeur de nous deposer a l endroit le plus proche d notre appartement.
Arrives a destination, nous prenons un taxi. Une fois encore les problemes de langue nous trainent dans une galere pas possible. Nous ne connaissons que le nom de notre immeuble et sa situation approximative par rapport au fleuve qui traverse Bangkok. Pour des raisons trop longues a expliquer ici, je ne pense pas de suite a faire telephoner a Nipon le chauffeur, malgre les conseils de Chrystele que je n ai pas compris. Bref apres 3 heures a tourner en rond dans Bangkok, nous arrivons a l immeuble epuises. Le voyage a dure 12 heures.
Chrystele va chez le voisin de palier quemander bonne pitance. Celui ci tres sympa nous offre des plats prepares chinois. Nous prenons une douche ou un bain. La salle de bain est rouge et les vetements sont irrattrapables aux dires de Chrystele qui doit jeter son T-shirt.

mercredi 28 mai 2008

REPOS

Lundi 26 Mai,


Reveil de bonne heure. On ne sait plus faire autrement.
Nous partons a la recherche d un endroit susceptible de servir un repas qui convienne a tout le monde.

Nous ne savons pas si c est a cause de la chaleur, des epices, de la disparition de tout rytme de vie regulier, mais nous sommes passes a 2 repas par jour. Nous sommes les premiers surpris lorsque nous en prenons conscience. Mais ce nouveau rythme c est installe de lui meme.
Voyager c est oublier le temps. Ce ne sont plus les heures qui rythment la journee, ce sont les deplacements et l interet que l on porte aux visites qui determinent le temps.
Ainsi on peut marcher des heures le ventre creux, la faim qui nous tenaille, sans que nous ressentions de manque particulier. Chose inconcevable il y a quelques temps: Il est midi on mange...
Il s avere que ce matin la, les filles remarquent l etalage d un marchand d epicerie fine locale: avec entre autres, sauterelles et scarabees. Comme il parait que ces bestioles sont pleines de proteines, je decide de tester la sauterelle, histoire de ne pas mourir idiot.
Je la porte a ma bouche toute entiere, prend ma respiration, et la mache assez rapidement pour l avaler sans trop avoir a en trouver le gout. Tous les Cambodgiens qui nous entourent eclatent de rire. En effet les connaisseurs prennent bien soin d enlever les pattes et la tete avant d avaler l insecte.

Je suis donc obliger de retenter l experience. La sauterelle telle quelle est preparee a un gout caramelise qui evite toute surprise desagreable.
Quand au gros scarabee noir je n y ai pas touche. Ma gourmandise a des limites. Ses elitres et ses grosses pattes velues et crochetees ont calme mon intrepidite.
En revenant vers l hotel nous avons ete les temoins d une scene invraissemblable: Un taxi devant partir pour le nord du Cambodge attendait d etre plein pour rentabiliser sa course. Etre plein ici, signifit charger 8 passagers, en plus du chauffeur, dans une voiture de 5 places.
5 derriere et 4 devant. Le taxi est parti avec le chauffeur assis sur les genoux d un des passagers... Cela est parait il assez frequent.
Le reste de la journee s est passe a mettre le blog a jour, et croyez moi cela prend beaucoup de temps.
Les filles ont fait leurs devoirs au bord de la piscine,
Chrystele a trie et prepare les photos c est egalement beaucoup de travail.
Une ecole jouxte notre hotel, il est rassurant d entendre que les cris des enfants dans une cours d ecole sont les memes dans le monde entier que le pays soit riche ou pauvre.
Ses devoirs finis, Estee vient solliciter ma participation pour la creation d un spectacle aquatique, ce que je fais bien volontiers. Les repetitions s eternisent sous l oeil amuse du personnel de l hotel. La premiere aura lieu ce soir.
Nous sortons a la fraiche pour acheter le billet de car qui nous ramenera demain a Bangkok.
Nous rentrerons un jour plutot que prevu car ici personne n est jamais sur de rien. Nous n avons pas envi de rater notre avion pour l Australie.
Le voyage retour en bus peut durer jusqu a 14 heures parfois plus s il pleut pour simplement 500Km.
Nous faisons les courses pour le repas de ce soir et la journee de demain.

ANGKOR WAT

Dimanche 25 Mai


Le tuc tuc que nous avions reserve la veille nous attend devant la porte de l hotel. Le service est parfait. La faim donne des ailes. L homme est jeune, souriant et fait de reels efforts pour parler notre langue. Nous avions intialement prevu de visiter 2 sites. Mais l eloignement, le cout des transports et le fait de multiplier a chaque fois le prix des entrees par 4 rend la chose difficile.
Je n avais pas prevu dans mon budget autant de depenses culturelles. Mais certains monuments sont incontournables. Si tu ne les visites pas autant ne pas partir. Donc il faut savoir que visiter Angkor a 4 revient a 100us dollar par jour.
Ca vaut vraiment le coup comme vous pourrez le constater en lisant ces lignes.
J ai tenu a visiter ce site et a entrainer mes petites femmes avec moi dans cette aventure, car depuis tout petit Angkor est un lieu qui hante ma memoire. Les premieres photos de ce lieu mysterieux perdu en pleine jungle, les statues volees par Malraux ont toujours hatise ma curiosite.


Venir ici etait devenu un des buts essentiels du voyage. Il revetait pour moi une grande importance, quitte a prendre une petite part de risque me laissant imaginer le pire dans la mesure ou venir au Cambodge me semblait dangereux, ce pays sortant depuis peu d une guerre civile atroce. Les Kmehrs rouges etant au communisme et a l Asie ce que les nazis ont ete a la droite et a l Europe.
Il s avere que le pire a supporter ici est la vision de la misere et l inhalation de poussiere, aucune route n etant goudronnee.
En parlant de route goudronnee, justement, une des rares a l etre dans ce pays est celle qui mene a Angkor.
Grande ligne droite bordee d arbres immenses et majesteux vestiges de la foret vierge qui regnait ici avant que le regime de Pol pot ne commence a la raser.
Avant d entrer dans ce sanctuaire, il faut montrer patte blanche: Check point, controle des passeports, nous sommes tous pris en photos qui apparaissent sur nos tickets. Nous serons controles 4 fois pendant la visite. Il y a tellement de vols....
On s attend a voir apparaitre le temple au bout de cette allee de 10 km comme a Chambord ou a Versailles. Non, Angkor se merite. Nous roulons doucement sur cette voie ombragee.
Nous atteignons d abord un immense canal. En fait ce sont les douves du temple. Nous avons de la chance elles sont remplies d eau qui donne de la fraicheur.


Si nous nous sommes leves si tot il y a plusieurs raisons:
La visite est tres longue
Il fait moins chaud le matin
Les couleurs du temple au lever ou au coucher du soleil sont merveilleuses.
Seulement, pour profiter de ces couleurs le matin il faut arriver au temple par l Est. Nous sommes arrives par l ouest. C est rate... Rate parce que le temple fait 1 km 500 de cote et qu il est impossible d en faire le tour sans s arreter pour en admirer les merveilles.
Le lever de soleil sera pour la prochaine fois...
Nous sommes hors saison touristique. Malgre cela nous voila noyes au milieu des inevitables touristes japonais, disparaissant eux memes au milieu des chinois.

L Europe parait bien peu de choses vue d ici.
Angkor est un temple dedie a Bouddha. Sa construction a dure 5 siecles: du 8 siecle au 13 siecle
Elle a commence a une epoque ou nous savions a peine travailler la pierre. Cela fait se poser des questions sur la grandeur et la decadence des civilisations. Comment ces peuples qui avaient tant d avance technologique sur nous a cette epoque ont ils pu seffondrer? Les mesopotamiens, les egyptiens?
Tout est ici a la taille des pyramides ou du Machu Pichu.

Le gigantisme s efface devant l harmonie et la beaute des formes. La geometrie parfaite des construction est reposante . Le but recherche par le concepteur architecte est parfaitement atteint:
Le fidele est ecrase sous la puissance de l ensemble, mais son esprit reste leger et serein, allege par l esthetique parfaite se degageant du lieu.
1000000 de personnes ont travaille ici pour ce resultat sublime et parfait.
Affirmer son pouvoir en se reclamant de Dieu. Soumettre les hommes par le travail au nom du droit divin. Utiliser les doutes et les craintes des incultes pour mieux les maitriser voila ce qui a permis la realistion de tels chefs d oeuvres. Nous nous ebahissons devant les fruits de l exploitation et de la tyrannie...


La visite continue. Premiere enceinte, deuxieme enceinte, troisieme enceinte.
Plus la visite avance, plus la precision des sculptures est grande. Plus les surfaces sculptees sont immenses. Chaque centimetre carre est travaille avec une precision d orfevre.
Je vous laisse acheter livres donnant le reste des explications techniques. Il y a trop a dire et ce n est pas l objet du blog. Je vous passerai les notres si vous voulez.
Pour agrementer la visite nous faisons quelques photos avec des figurants,

ecoutons des estropies jouer des musiques Kmehr, des enfants chanter dans les bois des hymnes religieux.
Puis nous suivons l un des rares macaques survivants des milliers qui habitaient l endroit.
Le macaque n aime pas etre derange.

Estee a eu la peur de sa vie. Eloise et moi ne regrettons pas de ne pas envoir rencontre dans la jungle...
La visite se poursuit dans les allees de ce qui etait les rues de la ville. Nous recherchons la fraicheur. En sortant du temple non tombons sur de petits Cambodgiens se baignant dans les douves. Je propose aux filles de se baigner avec eux. Elles ne veulent pas. Ni une ni deux ce sera donc moi qui le ferait.
Et voila comment on devient le premier occidental a plonger dans les eaux sacrees du temple d Angkor vat.
Mais ce n est pas fini, Angkor c est plus de 150 temples repartis sur 200KM2. On peut voir le site de tres haut sur Google earth. Nous allons en voir 3 autres parmi les plus interessants.
Il fait tres chaud, les pieds brulent, nous remontons dans le tuctuc pour rejoindre de nouveaux sites eloignes.
Nous vivons le livre de la jungle.

Je me fais traiter de papa explorateur, sportif, ringard et binoclard, par les filles, de part ma tenue.
Lors dune discussion avec elles qui meritera d etre developpee ulterieurement, je leur revele qu en fait je les ai amenees pour partager mes reves de voyages.. Estee me repond que c est bien parce qu elle n aura plus besoin de rever. Je lui reponds que non car elle aura ses reves personnels a accomplir. Je prends malgre tout conscience que la vie des uns est parfois soumise aux reves des autres. Tant que les reves ne sont pas des cauchemars ce n est pas grave...
Nous tombons sur un champ de trefles a quatre feuilles Estee et Eloise en ramassent le plus quelles peuvent pour tous les gens quelles aiment.
Nous sommes epuises. Nous rentrons, la piscine nous attend.

dimanche 25 mai 2008

TONLE SAP

Samedi 24 Mai

Leves a 6 heures, un tuc tuc nous attends devant l hotel. Je realise en ecrivant le blog que je suis attache a ce lieu.



Nous sommes les premiers a monter sur le bateau. Nous ne partirons que dans 1/2 heure. Chrystele en profite pour faire quelques provisions. Le voyage promet d etre long. 8 heures sur un vieux raffiot. C est tout ce que nous savons.
Je profite de cette demie heure pour m impregner des sons, des odeurs et autres sensations que nous allons quitter certainement a jamais.
Je suis le spectateur d un concert live:
La melodie sourde et lointaine du ronflement de moteurs plus ou moins biens regles, le chant des oiseaux, les coacs d une grenouille accompagnent les solos d un coq perdu dans une ville deja bien reveillee.
Les vapeurs de gas oil laissent la place aux parfums des epices de toutes les cantines. La fumee du charbon de bois qui se consumme apporte jusqu a moi les relents de cuisine.
Ici tous ceux qui travaillent, mangent dans ces gargottes. Elles sont tellement peu cheres. L oisivete n existe pas. Ils sont 10 a se partager la moindre tache.
Tout ca en regardant un homme dans une barque, remplissant une jarre de l eau d un fleuve dans lequel chacun jette ses dechets.
Il est temps de partir. Pendant ma reverie, le bateau s est rempli a mon insu. L equipage s active et largue les amarres.
Les filles et Chrystele sont en bas en compagnie d un bonze, d un fonctionnaire d etat s occupant d environnement, d un immense allemand voyageant seul, d une jeune fille passant son temps a lire des revues faisant la publicite de telephones mobiles et d un monsieur qui a decide de squatter un hamac situe au dessus du moteur pour plus de tranquilite.

Le debut du trajet se deroule sur un large fleuve borde de maison reposant sur la terre, mais resolument tournee vers le fleuve dans lequel chacun puise ou rejete tout.
On s y baigne tout en lavant son linge. On y pisse et defeque tout en puisant l eau du repas de midi. On y peche sous le regard indifferent des animaux de ferme abrutis par la chaleur.


Les cambodgiens aiment les mariages. A peine la musique de l un s estompe qu une autre arrive au loin. Quand ce ne sont pas deux voisins qui se font concurrence en matiere de bruit.
Lentement nous nous eloignons d un tissu plus urbain pour penetrer dans la campagne. Les maisons s espacent et laissent entrevoir de petites rizieres.
Les enfants attendent la venue quotidienne du bateau pour en saluer les passagers ravis de cette complicite. C est leur seul lien avec cette ville qu ils ne connaissent pas.
Je prends des notes pour ne rien oublier. C est au detriment des photos. Le temps de me preparer, l angle a change et une scene interessante perd toute signification.
J ai demande au capitaine si je pouvais monter sur le toit de notre embarcation. Autorisation accordee, je m installe sur mon nouvel observatoire.
Le bateau taille sa route, tout le monde dort dans le vacarme infernal du moteur.

Nous foncons vers l est. Les berges de la riviere s elevent. J ai le sentiment que le fleuve est plus haut que les terres cultivees. Un jeune ingenieur a souligne la justesse de mon impression en confirmant que depuis des siecles les hommes ont sureleves les berges pour pouvoir irriguer plus facilement les rizieres. Ces techniques ayant ete perfectionnees lors de la colonnisation.
Les berges etant plus hautes ou plus basses suivant les endroits permettant a volonte de remplir ou vider les rizieres.
Le fleuve faisant une boucle vers le nord ouest, nous le quittons pour naviguer sur de petits canaux allant en retrecissant. L experience est forte et interessante a vivre d autant plus que les paysages sont sublimes et que la gent qui les peuple est difficlement qualifiable.
Je nommerai ce peuple:"PEUPLE DE L EAU".


Ces paysans ont leurs maisons au niveau de l eau. Ils passent leur vie a piquer et depiquer le riz les pieds dans l eau. Traversent les canaux habilles et en ressortent comme des engins amphibies, degoulinant d un liquide boueux qu ils trainent avec eux. Retournant sur la terre comme si de rien etait. Une canadienne me disdant a ce sujet: '" tu comprends pourquoi les americains ont perdu la guerre au Vietnam? "
Le canal suit de belles courbes de plus en plus etroites. A l avant le pilote godille et dehale le bateau dont le flanc va tamponner les berges .


Le chauffeur du bateau joue du moteur, accelerations, marches arrieres, malgre la rusticite du materiel on sent que l homme fait corps avec la machine. La complicite entre le pilote et le capitaine est entiere. L erreur n est pas permise. Tout passe au millimetre.




Ces gens la connaissent parfaitement leur boulot. Pas un mot n est echange. Au son du moteur on peut deviner a quelle vitesse la courbe va etre negociee avec toujours cette reserve de prudence necessaire pour eviter la plus petite embarcation susceptible de deboucher de derriere les roseaux.
J assiste a un combat entre l homme et les flots. Meme si cela peut paraitre exagere je pense a la conduite en rallye. Mise en travers du bateau, angle d attaque de la courbe en fonction du courant, contre braquage du navire par l effet que produit la godille du pilote place a l avant.
Tout y passe. Une fausse manoeuvre suffit pour que l arbre de l helice s enveloppe d une pelote d algues enlevant toute puissance au moteur. Le bateau stoppe, le capitaine-mecanicien va a l arriere remonte l helice, degage l arbre.



Le bateau repart.
Nous entrons dans la mangrove, de gros echassiers s envolent. Les branches soudainement tres basses m obligent a plonger a plat ventre face contre roof, main sur la tete pour me proteger des branches d un arbuste. Elles sont couvertes d epines qui me lacerent le dos, non sans deposer au passage quelques fourmies devoreuses du meme acabit que celles rencontrees dans la jungle. Il parait que j ai eu de la chance, jai echappe aux sangsues arboricoles.
Pendant ce temps dans la cabine les filles jouent...
Atteignant un cours d eau plus degage le pilote confit son role a un jeune matelot. Il est important de former la releve dans de tels metiers. Savoir et pratique vont de pair. Comment devenir efficace et operationnel si l on est pas sur le pont chaque jour de chaque saison pendant de nombreuses annees . Les conditions de navigation changeant a chaque instant.
Toute forme de vie humaine a disparue laissant place aux formes animales et vegetales.
La nature enfin pure reprend tous ses droits.
Le chemin se poursuit de rivieres en canaux, de lacs en marecages, le bateau se faufile au milieu des rizieres.
Deja 4 heures que nous voguons. Nous arrivons au confluents de 3 rivieres. Cest le moment choisi par notre capitaine pour un halte bien meritee dans une epicerie comptoir, station essence situee au milieu de cette petite amazonie. Des minis barques deboulent de tous cotes poussees par des moteurs gonfles a bloc. Des jeunes s amusent a faire la course.
De nombreux dechets vegetaux encombrent le fleuve.
Nous entrons dans un monde de pecheurs. De tous cotes des filets sont tendus comme des pieges pour guider les poissons au fond des nasses.
De savants systemes de balanciers sur des radeaux de bambous permettent de manier sans effort des volumes et des charges enormes.



Partout des filets et des nasses on ne voit plus que ca. Des cormorans et toutes sortes d oiseau sachant tres bien a quelle heure le pecheur va venir pour profiter de quelques poissons perdus ou abandonnes.
Le courant saccelere, le fleuve nous entraine vers le Lac Tonle Sap.
Les filles, agripees au bastingage, jouent a faire des gerbes d eau avec leurs pieds.


Profitez en bien, ce jeu serait interdit en France. Securite oblige.
Le paysage n evolue plus. Seul les arrets dans les villages pour deposer ou prendre des passagers ainsi que l achat de poissons font oublier la longueur du voyage.
Les scenes de la vie quotidienne des hommes au fil de l eau donnent un nouveau rythme a la croisiere.
Tout a coup l horizon s elargit. Subitement le decor change. Apres 6h 30 de navigation nous debouchons sur le lac Tonle Sap. Plus grande reserve Halieutique d eau douce au monde. Malheureusement, les nombreux barrages construit par les chinois et les Laotiens sur le Mekong ainsi que la deforestation massive au Cambodge, font qu il recoit de moins en moins d eau et de plus en plus de sediments. Il s atrophie chaque jour un peu plus. Dans 10 ans c est fini comme nous la dit un jeune hydrologue.

Notre sillage est un remou de boue noire. Il faut dire que nous sommes a l etiage des eaux qui precede la mousson et la fonte des glaciers de l Himalaya.
Nous suivons un chenal materialise par de vagues branchages surmontes de plastics blancs ou noirs. Le bateau peut s echouer a tout moment sur cette immensite liquide n etant en fait qu une pellicule d eau.
Nous arrivons aux villages de pecheurs attirant les hordes de touristes japonais, conscients d avoir effectue un periple d exception. Fatigues mais fiers nous remontons le fleuve Siem Reap dont les berges s effondrent sous l agression constante des remous des bateaux de touristes.

Enfin le port. Une horde de chauffeurs de tuc tuc se bouscule. Chacun veut etre le premier a s accaparer le client. La ville est a 10 Km.

Apres la beaute et le reve, nous retrouvons la misere peut etre encore pire qu ailleurs. A chaque fois que la richesse s affiche, sous quelque forme que ce soit, la pauvrete est la accrochee a ses basques, pour grapiller les miettes de ses frasques.
Nous arrivons a Siem Reap ou un ami nous a recommande une adresse. Guest house avec piscine en centre ville. Les filles sont ravies.

Nous plannifions la journee de demain en suivant les conseils d un jeune francais vivant au Cambodge depuis 4 mois. Demain nous leverons a 5 h 1/2 pour visiter ANGKOR

RELACHE (suite)

Vendredi 23 Mai


Apres l episode du vieux marche francais, nous voila parti longeant les berges du fleuve local pour trouver l embarcadere du bateau qui nous menera a Siem Reap.

Apres quelques hesitations nous obtenons la bonne information. Revenons sur nos pas et assistons a une ceremonie de mariage.
Mettre les petits plats dans les grands, se mettre sur son 31 sont des expressions qui prennent alors toute leur signification. Les femmes sont en robes longues aux couleurs criardes et brillantes. Les hommes en costume. Apparement plus la famille est riche plus la musique est forte. Des hauts parleurs perches au sommet du mat le plus haut possible, crachent leurs decibels. Tout le monde doit etre tenu informe de l evenement.
Il est difficile d imaginer que ce sont les memes personnes que celles que nous avons croise hier entassees a 20 sur une meme remorque, en tenues de travail poussiereuses et parfois en lambeaux.
Nous avons tres soif et l achat d une bouteille s impose. On nous en demande 4000 rials. Apres les palabres classiques, prix descend a 2000 et nous avons malgre tout le sentiment de nous etre fait avoir.
Sentiment verifie lorsque nous revenons 5 minutes plus tard. Le vendeur a change. Le nouveau ne nous demande alors que 1000 rials. Je lui demande de dire a sa copine qu elle n est pas tres gentille. Nous passons l apres midi sur internet: les filles avec leurs copines sur msn, Chrytele
triant les photos et moi assurant le suivi du blog.
Nous decouvrons alors que tous les jeunes enfants( moins de 10 ans) qui ont la chance d etre scolarises parlent anglais. Les filles se remettent en cause en permanence. Au moins un des but du voyage est deja atteint.
Il est l heure de diner. Nous avancons dans le noir, tous les 4 sur de grandes avenues sans eclairage public. Il y a de la vie partout autour de nous. Nous la devinons, nous l entendons, il fait chaud, nous n avons pas peur. Nous sommes memes etonnement decontractes. En France ou en Amerique du Sud, dans de telles conditions, dans un monde aussi pauvre nous serions restes enfermes chez nous a double tour.
Nous tombons par hasard sur le restaurant frequentes par les routards du monde entier et lescooperants francais qui pour la plupart travaillent pour des ONG.
La soiree est d autant plus agreable qu Eloise et Estee ont sympatisees avec la fille de la patronne de l internet cafe voisin. Elles passent leur temps a s apprendre mutuellement des jeux de petites filles.
La patronne et mere n etant pas la derniere a participer a cet echange culturo-ludique.

Cependant, sous nos yeux, se deroule un spectacle au quel malheureusement on commence a s habituer: celui de la misere et de la detresse humaine.
Une mere, cul de jatte se traine sous nos yeux, rampant en portant son enfant d un bras tout en se trainant dans la boue et la poussiere de l autre.

Elle est la, par terre, devant nous, nous regardant bien droit dans les yeux. Elle assume, revendique son etat par son attitude. Cest nous les mutiles. De son regard elle nous detruit, reduit notre cerveau a la taille des moignons de ses jambes laissant notre conscience en lambeaux.
Ses enfants, car elle en a d autres plus grands, vetus d une simple chemise, ne couvrant que le haut de leur corps. Vont et viennent d un passant a l autre exhibant leur nudite que l on ne voit meme plus tant elle est naturelle. Quelle classe: l un d eux s approche d Estee , lui fait un baise main et part en rigolant. Tous ses copains se rejouissent. Il vient surement de gagner un pari.
Il est temps de rentrer se coucher. Demain une rude journee nous attend.
Nous retrouvons l obscurite des sombres avenues, seulement perturbee par le doux ronflement des motos que tout le monde utilise calmement, tant par souci d economie de carburant que de toute evidence par respect d autrui.
Nous nous endormons, berces par les rires et les quelques cris des personnes qui vivent dans la rue.

RELACHE

Vendredi 23 Mai

La succession raprochee d evenements et d images fortes nous impose une journee de repos.
Les ransports et l assimilation de tout ce que nous vivons est fatiguante pour tout le monde.
Nous allons en premier lieu echanger de l argent a la banque. Le Rial est la monnaie locale.
Malheureusement, le 23 Mai est un jour ferie au Cambodge. C est une ceremonie Royale un peu divinatoire pour savoir si les recoltes seront bonnes ou mauvaises.
Heureusement Western Unin est toujours la pour aider le touriste en difficulte.
Avec nos rials nous pouvons donc aller au vieux marche couvert local qui date de l occupation francaise.

C est typique avec en plus des marchands ambulants comme des vendeurs d hirondelles. Vous n en verrez pas car ce matin la notre appareil photo a bugue.
Seul avantage et vestige de l occupation francaise on trouve ici des baguettes mais plus personne ne parle francais contrairement au Vietnam et au Laos c est on laisse dire.
Une fois installes, une nuee de meres et leurs enfants nous entourent. Nous pensons partager notre repas avec certains mais les patrons les chassent. Les plus jeunes reviennent. Les proprietaires ferment les yeux. Nous avons commande du pain et du beurre. Il nous est servi un petit pain foure au beurre.... rance. C est degueulasse. Nous voulons le donner aux enfants. Ils le prennent mais ils vont le jeter en cachette. Eux aussi ont deja goute et n aiment visiblement pas.
On comprend pourquoi ils preferent l argent. Mais nous nous refusons d en donner autrement ils ne nous lacherons plus, et tres vite toute la ville sera a nos basques.
On se rabat sur le traditionnel poulet riz. Pas de surprise.
Lorsque nous avons fini les filles qui laissent autant de chair qu elles n en mangent offrent leurs reliefs a un vieil edente sans age. Il nettoie les os comme il peut et s en va. Il ne s etait pas eloigne de trois pas que deux enfants de 3 ou 4 ans pas plus raclaient de leurs petites dents les restes du grand pere. Les os avaient ete manges 3 fois....


vendredi 23 mai 2008

PAULIN BATTABANG

Jeudi 22 Mai

A la frontiere un homme dont on a cru qu il etait fonctionnaire nous a pris en charge. Il s est occupe de tout. Nous avons compris apres qu il etait en combine avec les gardes des deux pays.
C est en realite un rabatteur pour les taxis. Il nous a bien rendu service ce qui permet plus facilement d accepter le prix de la course Paulin Battabang. 70 Km plus de 2 fois plus chers que le 60 precedents.
Tout a coup malgre les doutes et les craintes qui nous habitaient le choix de cet itineraire prend toute sa valeur et se justifie amplement. Sous nos yeux se deroulent des scenes d un autre age.


Sur des Km de route en terre nous sommes la seule voiture. Le chauffeur se sent tout puissant. Klaxonnant sans arret, il repousse cyclistes, pietons, vaches et autres animaux sur les bords de la route, meprisant tout ce qui n est pas motorise.
La vie paysanne nous arrive de front sous toutes ses formes. De tout cote peut surgir un cochon un boeuf voir plusieurs et nous foncons au milieu de tout ce monde grouillant de vie au ralenti. C est beau, simple, emouvant. Comment raconter ses motoculteurs tirant 3 remorques chargees de personnes. Ces carrioles supportant des charges d objets inutiles pour nous et qui ici ont tant de valeur. Ces animaux que l on ne voit meme plus chez nous a la campagne et qui ici se promenent dans les stations services.
Il faudrait ici aussi visiter le pays a pied pour avoir le temps de partager et comprendre. Tout va trop vite en voiture. Notre moyen de locomotion est inadapte a ce que nous vivons.
Nous arrivons a Battabang nous ne parlons pas , il n y a rien a dire, juste a fermer les yeux pour essayer de ne jamais oublier.

VOYAGE VERS LE CAMBODGE suite

Jeudi 22 Mai

Le probleme de cet itineraire est qu il est meconnu du guide du routard, que Lonely planete le mentionne a peine, et que lorsqu on questionne les routards aucun n est certain de ce qu il a
entendu dire.
En realite, la route est reputee tres mauvaise surtout en saison des pluies. Nous allons voir ce qu il en est.
Un taxi nous prend tous les 4 sur 55 Km jusqu a la frontiere. Tres sympa le chauffeur du Pick up. Nous sommes assis dans la benne bachee. La route est excellente et belle.
Arrives au poste frontiere on comprend tout de suite.
Du cote Thailandais la route est goudronnee, les gens sont vetus. Du cote Cambodgien la chaussee n est que poussiere, les enfants nus ou en guenilles nous attendent pour mendier.

Innimaginable. Nous n osons pas faire de photos par pudeur. Mais comment partager avec vous la violence de ce que nous avons sous nos yeux. Malgre tout il ressort de cet etat une grande dignite chez ces gens. Ils mendient mais ne sont pas agressifs. Ils n ont rien mais on ne ressent aucune jalousie de leur part. Tres vite on prend conscience que si on donne a un pourquoi ne pas donner a tous les autres.
Que fait on la? Notre place nest pas ici dans ces conditions. Pourtant il est bon de vivre de tels moments que meme le meilleur des documentaires s il peut aider a comprendre ne peut pas faire ressentir ce mal au ventre que j ai eu en mangeant entoure de mendiants.

UN GRAND COUP SUR LA TETE

Jeudi 22 Mai

Nous quittons Koh Chang. Le 4x4 est plein. Nous sommes 10 a bord. J aimerai revenir mais faire le chemin a pied. Il y a tellement de choses que nous n avons pas vu ou que nous allons oublier.
Tant de choses indescriptibles que seules une photo peu permettre de comprendre.
Je comprend mieux aussi le travail des journalistes: Le travail du grand reporter qui raconte en direct et puis celui de la redaction qui analyse. 4 jours plus tard on ne ressent plus un evenement de la meme facon quand on en a parle ou qu on a pris le temps de le comparer a ce que l on connait deja.
Nous voila revenu sur le continent.


Nous attendons le bus qui doit nous conduire a Chantaburi. Malheureusement, celui ci a eu un accident. Les fonctionnaires nous proposent de nous rembourser et nous guident vers une autre compagnie plus chere. Mefiance. On ne sait jamais s il n y a pas connivence entre tous ses gens. Ils sont pour la plupart tres honnetes mais l on ressent tres bien qu ils aiment notre argent un peu comme la BNP. Et puis toujours ces problemes de langue et de sentiment d incomprehension permanente qui n arrangent rien.
Le car nous abandonne sur l autoroute a proximite de Chantaburi. Nous sommes perdus.
Personne pour nous comprendre. Nous entrons dans une fabrique de produits de soins corporels. Le PDG ne parle pas un mot d anglais mais nous comprend et nous amene a la gare routiere.
C est Pekin Express en Live.

Petite apartee sur Chantaburi et l itineraire que nous avons choisi.
La quasi totalite des touristes qui vont visiter le Cambodge le font soit en entrant par le nord a POIPET soit par le sud a KOH KONG. Ces itineraires sont tres surs et balises. On vous prend en charge a l hotel ou que vous soyez en Thailande et on vous depose a votre hotel de SIEM REAP au Cambodge ville la plus proche d ANGKOR. Circulez y a rien a voir.
Pour ajouter un peu de piment a l aventure nous avons decide de passer par DAN LEM.
Frontiere au centre du pays, limitrophe avec PAULIN qui est devenue le repere des anciens collegue a POL POT. Ils restent tranquilles car ils ont le monopole de tous les trafics possibles et imaginables, ainsi que de casinos autres salles de jeux tres rentables car tous les thailandais viennent y jouer car cela est interdit chez eux.

ECLECTISME

Mercredi 21 Mai

Je me leve tot pour aller donner un coup de main aux deux sympathiques aventuriers. Il a 30 ans elle 25. Armes de reves et de courage. Lui est prof de plongee. Elle faisait des massages et la cuisine mais a travaille longtemps a l usine a Bangkok.
Moi qui pensais ramasser des feuilles de palmes ou debroussailler, je les retrouve entrain de couler une chappe en ciment directement sur le sable. Apparement ils n ont jamais fait cela.
Il m explique qu il doit faire comme les thai pour ne pas froisser la fierte Thailandaise de sa copine. Je leur explique qu ils en ont pour 2 jours alors que s ils veulent bien m ecouter en une heure elle sera termine. Leur sceptissisme est de courte duree.
La chappe finie ils m invitent a manger avec Chrystele et les filles le soir meme.
Nous allons nous baigner en famille avant de rejoindre le restaurant de la baie.

Ce nest pas mauvais, voir bon mais ils veulent nous faire passer des crevettes d eau douce qui n ont aucun gout pour des crevettes d eau de mer. Passons.

Sur le chemin du retour, Eloise et moi meme decidons d entrer dans la jungle pour essayer d approcher les macaques. Chrystele et Estee preferent renoncer. Nous allons voir qu elles ont bien eu raison.
Penetrer dans ce monde est fascinant, on ne prend pas un bien grand risque ici. Il est difficile de se perdre car il suffit de descendre pour retrouver la mer.
Nous avancons en suivant un torrent. Tout va bien les 5 premieres minutes puis a la croisee d une plante grasse quelconque tu te fais attaquer par une armee de fourmies qui te sautent dessus et te devorent. Tu te debats, en tues des dizaines et la tu realises que tout te pique et te demange. Alors les moustiques se manifestent d autant plus que sous le couvert de la foret la brise marine qui les chasse de la plage n a plus aucun effet sur eux.
C est la fuite immediate. On nous avait bien dit de nous couvrir avant de nous lancer la dedans.
Dans notre retraite nous oublions toute precaution tellement nous sommes presses de sortir de ce piege. Nous repoussons des plantes dont nous ne voyons pas les piquants caches sous leurs feuilles, et si elles etaient venimeuses?
Ouf rien ne nous arrive. Demain nous quitterons ce lieu sains et saufs.
Le repas du soir a la lueur de la lampe a petrole et de l electricite fournie par le groupe electrogene est sympa. On est invite quand on veut dans ce qui deviendra bientot une plage avec 50 bungalows.

SUITE

Mardi 20Mai

Sur le chemin du retour nous conduisant a la plage nous passons devant un monument dont j avais entendu parler, commemorant une bataille navale entre la France et la Thailande en 1941.

La thailande etant alliee aux Japonais, la France etant en guerre contre le Japon, le Cambodge etant colonie francaise, les thailandais se reclamant de culture Khmer, les cambodgiens ont voulu recuperer le temple d Angkor. La France a donc envoye une flotte pour montrer son desaccord .
Le combat s est conclu par une victoire Thailandaise mais du coup ils ont laisse tomber leur pretentions sur le fameux temple.
Les Thai sont tres fiers car ils n ont jamais ete envahis par personne. Ils le sont aussi de nous avoir battus car ils ont une longue histoire avec notre pays.
Aussi maintenant je raconte a tous les Thai que je rencontre que je suis venu dans leur pays pour m y recueillir, mon grand pere ayant perdu la vie lors de cette bataille navale et que son corps repose quelque part dans leurs eaux territoriales. Ils compatissent et me prennent en affection.
En plus cela cree une tres bonne entree en matiere lors d une premiere conversation.

Nous ramassons nos coquillages, jouons avec de gros bernard lhermites, trions des centaines de coraux aux formes diverses puis rentrons a la maison.
Un homme sort d une cabane de Robinson a l abri d une palmeraie.

C est un Farang. Mot generique donne par les thai aux etrangers. Ce mot vient de Francais ( quand je vous disais...)
Are you English? Are you German? Non je suis francais dit il en souriant.
Nous dicutons longtemps, les filles m abandonnent pour retrouver Chrystele qui a fait une sieste.
Yann vit la depuis 2 mois avec une thailandaise. Je trouve enfin quelqu un qui peut nous expliquer comment se passent ici les choses. Plus de probleme de langue, enfin une vrai conversation eclairante sur ce magnifique pays.
Yann est ici pour mettre en valeur la plage pendant 5 ans. La plage a ete donnee a sa copine pour cette periode en remerciements pour services rendus. Charge a eux d en tirer profit.
Leur systeme ressemble vaguement au systeme d entraide des auvergnats qui viennent s installer a Paris.
C est decide, demain matin, je viendrai les aider.
Ce soir les filles organisent une exposition de coquillages et coraux.

LE HASARD FAIT BIEN LES CHOSES

Mardi 20Mai

Une sortie plongee etait prevue pour aujourd hui. Nous prenons conscience de notre isolement, du temps et du cout du deplacement pour rejoindre l embarcadere. Que faire?

En meme temps que nous nous questionnons sur notre emploi du temps de substitution, nous voyons au loin une masse de nuages noir se deplacer vers nous. Elle enveloppe les iles de la baie jusqu a les faire disparaitre. Puis un mur liquide avance a vue d oeil. Nous ne sommes pas tranquille sous notre grande case en bambou couverte de paille de riz.

La tempete s abat sur nous. Nous aidons les employes a abaisser les baches. Des gouttieres surgissent de tous cotes.

L eau est chaude, nous sommes en vacances et en maillot de bain. Tout va bien.

La tempete est passee. Je pars remplir ma mission de nettoyage des abords de la plage seul car je n ai pas reussi a motiver les filles. Elles preferent faire des maths et du francais avec Chrystele.

Pendant ma promenade ecologique j ai le temps d observer la variete des coquillages, le travail des crabes et leurs galeries creusees a maree basse, ainsi que de comprendre qu il y avait au par avant un recif coralien ceinturant l ile. Recif aujourd hui completement mort.

Le ramassage des coquillages etant une des activites preferee d Estee ce theme suffira pour pretexter une sortie riche en observations diverses.

L apres midi nous partons donc par la route qui se poursuit apres notre lodge.

L erosion, les cheminees de fees,

de minuscules grenouilles noires et rouges sautant comme des insectes, differentes sortes de papillons et de scarabes enormes au couleurs tres flashies nous occupent dans la progression d une promenade qui ressemble a ce qu ellepourrait etre en Amazonie.

Apres avoir longe une mangrove, le chemin debouche sur une baie de taille moyenne bouchee par une ile. Et la me croirez vous? Une dizaine de bungalows ultra modernes sont deja construit, inoccupes ils n attendent plus que l electricite arrive pour etre exploite. Le coin est superbe et encore calme. Seule activite: un petit restaurant tenu par une Vietnamienne et ce qui doit etre son mari. Nous demandons si nous pouvons venir manger le lendemain. Bien entendu la reponse est positive. Ils ont un client tous les 6 jours mais c est ouvert 7/7 18h/24.

jeudi 22 mai 2008

DEMENAGEMENT

Lundi 19 Mai

Lors de mon periple d hier, j ai pu remarquer que la cote est d l ile est restee vierge. Cela est du au fait qu il y a peu de plages et surtout que lors des marees la mer se retire assez loin et que l absence de profondeur oblige le touriste a marcher 50 m pour atteindre la mer. Trop epuisant donc personne ne vient.
Nous voila donc parti pour un plage perdue au fin fond de la cote sud est de l ile. Apres une heure et demie de 4x4 a travers la jungle nous arrivons dans ce qui semble etre le bout du monde.

Personne, nous avancons vers la reception. Dans une ambiance un peu lourde et moite

qui n est pas sans rappeler l arrivee des marines dans le camp de Marlon Brando d "Apocalypse now". Le personnel est la endormi entre 2 bieres, entoure de chiens, attendant d improbables clients qui en cette saison se font rares. Le patron visiblement ne s interesse pas du tout a ce qui se passe ici en cette periode. Va t on rester? Nous visitons nos cases, rien n est tres clean. De tout facon on ne peut pas repartir avant demain matin.

Nous allons faire un tour sur la plage. L endroit est merveilleux. Nous realisons ce devait etre ce pays il y a trente ans. Il suffisait alors de sortir de Bangkok.

Aujourd hui il faut se rendre a 350 km de voiture 1/2 heure de bateau 1h 1/2 de 4x4 pour trouver la meme chose.

Je suis heureux de faire decouvrir un tel endroit aux filles. Pourront elle faire de même avec leurs propres enfants? Ou sera t il possible de trouver cela dans 20 ans? Cependant, je prends conscience des limites de ce que je pensais etre capable de supporter en matiere d isolement. Et puis aussi en faisant travailler les filles de toute l inutilite de ce que l on essaye de leur apprendre ou inculquer dans une telle situation. Il est ridicule de faire des maths et du francais au bout du monde et aussi d apprendre a bien se tenir a table dans la mesure ou l on mange par terre entoure de chien et de chat susceptibles de venir lecher votre assiette a tout moment.

Tout a coup en marchant sur la plage je realise combien elle est sale. j ai honte. Demain je viendrai ramasser plastiques, bouteilles et autres detritus. Cela ne changera pas grand chose mais fera du bien a ma conscience. I have a dream " et si chacun ramassait plus qu il ne jette"

Ici plus qu ailleurs tu peux voir le bon et le mauvais cote des choses. Le paysage sublime, la mer scintillante et attirante et pourtant il suffit de se retourner de 180 dgres pour voir tout l impact nefaste qu l humanite peut avoir sur l environnement.
Nous nous baignons seuls au monde, juste entre nous, gros calin a 4 dans le golfe de Thailande. C est trop bon.
Retour au guest house. On est un peu perdus