jeudi 24 juillet 2008

AOTERAOA ADIEU

Vendredi 25 Juillet

Chaque depart devient l occasion de reflexions sur le sens que nous devons donner a notre voyage. Plus le temps passe, plus les kilometres s accumulent et plus notre vie prend une tournure inattendue. Les questions se multiplient en meme temps que certaines reponses surgissent. Des certitudes disparaissent tandis que d autres s imposent.
Nous avons desormais la sensation de nous diluer dans le temps et l espace. Nous entrons dans une nouvelle dimension: celle des citoyens du monde. Nous recevons partout un acceuil magnifique de la part de personnes que souvent nous ne connaissons meme pas.
La notion d appartenir a une race et de posseder une couleur de peau perd toute signification. On pourrait etre n importe qui et partout a la fois. Meme si au fond de nous ruminent encore de forts relents de ce qui a ete notre culture et notre education, ils se noient lentement et se dissolvent surement au gre des rencontres et des moments partages. La peur de l inconnu, la crainte du changement, laissent place a la curiosite et une soif de connaissances jamais assouvie.
Nous etions des gitans, nous n avons meme plus de roulotte. Nous sommes denudes, il ne nous manque que les ailes pour etre des oiseaux migrateurs. Tels des poissons pelagiques, nous aimerions nous laisser deriver ou les courants de la vie nous emportent.
Seule l obligation morale de scolariser les filles et le fait de posseder des biens a un endroit precis nous conduisent a y revenir.
Etre libre, revient a ne posseder que les savoirs et les habilites necessaires a la vie en tous lieux.
Les indiens d amerique ne pouvaient etre proprietaires que de ce qu ils pouvaient emmener avec eux... Ils etaient libres. Rien ne les retenait ou que ce soit.Nous les avons alienes en leur imposant nos concepts de propriete.
La conclusion de tout cela pourra en surprendre certains mais n est pas aussi triste qu elle n y parait:
Quelqu un a dit: partir c est mourir un peu. D autre appellent la mort: un long voyage ils ont bien raison car elle est le seul vrai voyage sans retour. Le seul pour lequel on n emporte rien avec soi...
Jusqu a present a chaque fois que nous quittions un lieu c etait pour nous eloigner de la France.
A partir d aujourd hui nous allons nous en rapprocher inexorablement. Jusqu a y revenir. Nous connaissions la nostalgie du depart nous voila entrain de decouvrir celle du retour.
Aujourd hui nous devons prendre l avion pour Tahiti autre lieu mythique de notre voyage.
Arrives a l aeroport, nos trainons comme d habitude. Nous nous amusons de voir les voyageurs presses. Nous penetrons dans la zone des duty free la tete en l air a la recherche d indications concernant notre vol. Je me retourne pour parler a Chrystele tout en avancant. J heurte quelqu un. C est un commandant de bord dans son bel uniforme. Tout a coup je realise que c est Damien, la personne chez laquelle nous devons aller habiter a Tahiti.

Lui et sa famille sont venus a Val Thorens cet hiver. J etais descendu, en tenue de moniteur de ski, les chercher a Moutiers avec ma belle 306. Lui m a rendu la pareille en venant nous chercher en uniforme de pilote de ligne avec son bel airbus A340 a l aeroport d Auckland. Une telle surprise est inimaginable. C est genial... Nous ne pouvions pas le reconnaitre. La derniere fois que nous l avions vu, il etait emmitouffle dans sa combinaison de ski, masque et bonnet. Nous faisons le plein de boissons au duty free pour tout l equipage car celui ci n a pas le droit d acheter quoique ce soit et que tout est hors de prix a Tahiti.
En guise de reconnaissance, nous avons droit a un surclassement en business class. La grande vie. Les hotesses et stewards sont adorables et aux petits soins. Chrystele fera le decollage dans la cabine de pilotage, les filles le trajet. Elles auront le privilege d assister au coucher du soleil depuis ce lieu magique. Elles seront marquees par la superposition des couleurs a l horizon suivi de l allumage du plus bel arbre de Noel du monde: les cadrans lumineux du tableau de bord.

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