HIER, AUJOURD HUI, DEMAIN

Samedi 7 Juin

Aujourd hui nous sommes partis pour une journee nature.
Des voisins nous avaient recommande la reserve naturelle de Tidbinbilla situee a 40 Km de Canberra. L excitation etait grande en prevision de la decouverte, dans leur milieu d origine, du Koala et du platypus, nom local de l ornithorinque. Estee n a pas oublie d emporter le ballon de foot.
Depart 9h30. Apres quelques hesitations sur le choix de la route, nous trouvons enfin la route touristique Numero 5.
Nous avions ete prevenus que le parcours regorgeait de curiosites diverses, mais notre anglais ne nous avait pas permis d en comprendre toutes les subtilites.
Apres quelques minutes d une conduite prudente a cause des Kangourous susceptibles de surgir a chaque instant de n importe ou, apparaissent au loin, au sommet d une colline, les coupoles du cente d etude d astronomie de Stomlo. Nous virons a droite, la voiture gravit le promontoire denude, reduit en cendres par les feux gigantesques de 2003. Au sommet, des ruines cotoient des constructions dernier cri.

Les feux ayant ravage les vieux telescopes, de nouveaux ont ete reconstruits. Il est interessant d apprendre que les anciens dataient de 1924 et avaient ete construits par l universite de Yale et cedes ensuite a l Australie.
Certaines lunettes sont en cours de reparation. Leur presence calcinee rappelle la desolation qui a pu regner ici depuis les 5 annees qui ont suivi l apocalypse que personne n est pret a oublier. Nous apprendrons tout sur l art du polissage des lentilles au silicate.
Un cadran solaire suggere Stonehendge avec ses pierres plantees a meme le sol.

Un interessant systeme de filtration d eau, base sur des techniques tres ecologiques, nous confirme combien ce pays est concerne par la question de savoir dans quel etat il se transmettra a ses enfants.
Nous reprenons la route tout au long de laquelle nous croisons une demi douzaine de Kangourous ecrases. De vastes paturages parsemes de l eternel eucalyptus alternent avec d immenses formes ondulees de vallons couverts d arbustes que seule la route serpente.
Pentes, contre-pentes, changements de rythmes, devers, enfilades, cassures, hauts le coeur provoques par les dos d ane qu accentue la grandeur du paysage, accelerations auxquelles Chrystele se laisse aller, donnent soudain a Eloise l impression de skier dans un slalom geant de mutant.
Dans ce pays on sort du temps et de l espace pour entrer dans une nouvelle dimension. L infini n est pas loin.
Au detour d une courbe, coincee entre deux mamellons couverts de moutons, une parabole gigantesque nous saute aux yeux.

Je me souviens tout a coup qu un des principaux centre de poursuite des engins spatiaux se trouve en Australie. Serait il la a deux pas de nous?
La ballade naturaliste prend une tournure scientifique imprevue. Nous n avons pas le choix de la route. Apres quelques kilometres un embranchement indique Canberra Space Center.

La, au milieu de nulle part, nous avons l impression de revivre l album de Tintin: Objectif lune celui ou il va rejoindre le professeur Tournesol a sa base secrete ou bien encore 2001 l odyssee de l espace, tant le spectacle est futuriste.
Le plus etonnant c est qu a part quelques barrieres et grillages, l endroit n est pas particulierement surveille ou defendu. Seules de discretes cameras guettent. Peut etre que les responsables de la securite estiment suffisante la presence des serpents venimeux.

Nous avancons dans un no mans land illusoire. Nous approchons de ces immenses radars pointes vers les etoiles.
Pour le plus grands plaisir des filles ils permettent d entendre les sons venus du fond de l univers. Ces gresillements qui crepitent inlassablement, laissent l imagination de tous ceux qui les entendent s evader vers d insondables contrees. La notion d infini et de vertige qui l accompagne, perturbe la pensee d Eloise et d Estee qui restent calmes, figees et songeuses un court instant d eternite.
De nombreux films documentaires, des maquettes,

des fragments de planetes et autres sachets de nourritures iophylises emportes par les astronautes completent la visite d un endroit atypique.
Oulala, on sort de la tout retournes!...
Il est 13 heures et nous ne sommes toujours pas a Tidbinbilla. Heureusement ce n est pas loin.
Un rapide pic nique, au milieu des habituels oiseaux, a l entree du parc nous permet de constater que tout ce qui touche a la culture et aux loisirs est la plupart du temps gratuit .

Nous passons a l accueil pour savoir ou aller dans ce parc qui du nord au sud doit faire plus de 100 Km de long. Cerains parcs en Australie doivent etre plus grand qu un departement francais.
Nous avancons dans une prairie peuplee de Kan..

et d emeux.



Ils ne sont pas farouches. Nous en rencontrerons beaucoup d autres habitues a la presence humaine. Ils viennent d ailleurs se servir sans vergogne aux tables des pic-niqueurs.
Tidbinbilla est un immense cirque. Certaines zones sont cloturees. On a l impression de penetrer dans Jurassic Park. Ces enclos de plusieurs Km2 permettent de proteger des especes en voie de
disparition comme les Koalas, les wallabies des rochers ou le platypus.
Ils sont tellement bien proteges et tellement rares que l on en a vu aucun. Bien fait pour nous. La majorite des especes ont ete reintroduites a la suite des feux.

Cela me rappelle que je revais de voir des coqs de bruyere. Un hiver, je suis tombe dessus par hasard. Lorsque j ai appris que les denicher en hiver, revenait a les tuer car ils ne peuvent plus revenir a leur abri, j ai compris toute la difficulte de satisfaire notre curiosite envers les animaux, tout en respectant leur vie. Chercher a cotoyer la vie sauvage c est deja la detruire.
En tout cas, dans ce parc nous avons pris conscience que 99 pour cent de la vie est invisible ou tellement petite que l on passe a cote sans la voir. Que sans cette vie, tous les gros animaux, meme l homme, c est pour dire, n existeraient pas.
Que Estee qui a peur des grosses betes s est regalee a etudier les petites, du monde amphibien,

avec les guides volontaires du parc qui sont tous des scientifiques retraites qui partagent leur passion avec les visiteurs.
Ces retraites sont presents partout, competents et disponibles.

Ils accueillent, dirigent, expliquent. Dans tous les espaces de culture et de loisir ils assument un role primordial de transmission du savoir et servent de lien a la societe australienne.

Un peu plus loin une gravure rupestre

taillee dans le granite datant d il y a 20000 ans nous rappelle l origine sacree du lieu. Elle me permet aussi de trouver un titre a cette page.
En une journee nous sommes passe par l infiniment petit et l infiniment grand ainsi que du passe le plus lointain au futur de l Humanite.
Le ballon de foot n aura servi a rien et c est tres bien.