jeudi 12 juin 2008

DESILLUSION

Mercredi 11 Juin

Ce matin Estee est partie, en bus dans la montagne, avec sa classe pour conclure un trimestre d etude sur la foret pluviale. Pendant ce temps Eloise tournait en rond a la maison pour cause fievre persistante. Gym pour le vieux, velo pour la plus jeune.
L apres-midi, je suis retourne au musee d Australie pour consulter des ouvrages concernant les aborigenes. Un peu comme un journaliste, j essaye de recouper les informations, pour voir si je ne vous ai pas dit trop de betises.
Cet immense batiment est a la taille de la culpabilite ressentie par les autorites australiennes vis a vis des aborigenes: immense. Il ne renferme en realite que quelques ordinateurs dans lesquels sont stockees toutes les donnees connues sur ce peuple, ainsi qu une bibliotheque. Une trentaine de chercheurs, pour la plus part a temps partiel, viennent y livrer leurs observations, analyses et debattre des conclusions a en tirer.
L etape transitoire vers la reconciliation serait elle de trouver les moyens qui permettent de transformer, dans un premier temps, la culpabilite en gene?
De quelle reconciliation s agit il?:
De celle des colonisateurs avec leur conscience? Ou bien de celle avec les aborigenes? Certainement les deux!
La reconnaissance de sa culpabilite est elle suffisante a un peuple pour redevenir subitement plus humain? Est ce aux descendants des assassins de se disculper?
Que restera il de tout cela dans quelques siecles?
On ne sennuie pas ici.... En tout cas j ai passe l apres midi a la bibliotheque et vais partager avec vous mes acquis.


La notion de proprite fonciere n existait pas chez les aborigenes. Ils n etaient proprietaires que du savoir concernant la terre sur laquelle ils vivaient. Ainsi, connaitre les endroits ou passaient les animaux, ou se trouvaient les points d eau potable ou encore quelle plante soignait quelle maladie, revenait a avoir les moyens de vivre en un lieu donc d en etre en quelque sorte le proprietaire. La proprite etait celle d un clan.
Il y a eu des milliers de clans occupant toute l Australie, meme les deserts les plus rudes.
Certains clans ne comptaient que quelques membres. Le pays etant si vastes et ses ecosystemes tellement differents que la survie en certains lieux etait bien specifique. La connaissance permettant la vie du groupe en un lieu n etait d aucune utilite en un autre lieu. On comprend mieux leur sens de la propriete. Il n y avait de reelle propriete que celle du savoir autorisant la vie.

En ce qui concerne le grand reve, j ai trouve quelques bribes d explications.
Lorsque l on regarde la peinture aborigene, elle peut s assimiler a une forme de pointillisme. Les tableaux sont faits de milliers de petits points de couleurs differentes. Chaque tableau est sense representer une partie de l histoire du clan depuis ses origines. C est a dire la nuit des temps.
Chaque point de chaque tableau est la piece d un puzzle, dont chaque tableau est lui meme un morceau, racontant l histoire de l humanite.
L histoire de l humanite est ainsi arrivee jusqu a nous grace a la transmission de generation en generation de cette forme d ecriture qu est la peinture aborigene.

Pour simplifier, imaginez le premier aborigene sur la terre. Il est la, seul avec sa femme, entoure d animaux, de plantes et d un point d eau. Son ecriture pour raconter son quotidien sera de tracer quelques points sur le sol symbolisant son environnement. Ses enfants ayant decouvert la peinture reprendront les dessins paternel sur une paroi rocheuse, en y ajoutant leur propre histoire.
Ils feront leur propre tableau avec quelques points de plus que celui de leur pere. Certains points pouvant changer de place sur le tableau parce que par exemple, la source a change de place ou bien que l arbre sous lequel le clan s abritait est mort et qu il a fallu aller chercher refuge sous un autre. Ainsi au fil du temps a travers des peintures faites de milliers de points, ayant chacun une signification bien precise, les clans se sont transmis jusqu a nos jours leur histoire. Chaque generation devant assimiler la precedente et ajouter la sienne. Les tableaux se sont complexifies mais contiennent tous les elements qui permettraient de remonter a la nuit des temps. Voila en simplifiant ce qu est le grand reve aborigene.
Estee est rentree de son voyage d etude scolaire. Conclusion: Apres avoir arpente la foret pluviale tropicale guadeloupeene et thailandaise, la foret pluviale des zones temperees n aurait rien d interessant ce ne sont que des arbres.... Circulez y a rien a voir. Rien ne la surprendrait deja plus? Faudra-t-il revenir a des formes de voyages plus simples?
Lui apprendre a garder sa curiosite eveillee ne serait ce que pour aller au bout de notre rue?


Quoiqu il en soit, ce soir nous avons fait un grand voyage: avec nos invites d origine hongroise et irlandaise, nous avons mange en Australie une soupe gersoise a base d ail chinois.

2 commentaires:

Maman a dit…

Très bien Jean, je m'instruis à chaqu'un de tes commentaires, tous ont, en plus, un piquant qui m'amuse.

Mes interventions sur votre blog sont moins nombreuses puisque, chaque jour, en quelques secondes, avec vous à l'autre bout du monde, on se voit et parlemente sans aucune difficulté.

Bravo internet....

Unknown a dit…

Là ça se corse! moi qui prenais beaucoup de plaisir à te lire jusqu'à présent, voilà je suis obligé de m'y reprendre à deux fois pour essayer de comprendre le fond de ta pensée... Bon je te pardonne, le pb est complexe!
Bon reviens à des choses plus basiques pour tes lecteurs comme moi very limited!!